Les Editions Odis Viti



Le « vin biologique » enfin réglementé au niveau européen

28 novembre 2012

Le Comité de la Commission permanente de l’Agriculture Biologique de la Commission européenne a donné un avis favorable au nouveau règlement pour la production de vin biologique. Ces dispositions étaient très attendues et ont fait l’objet d’âpres discussions ;le nouveau règlement devrait paraître prochainement au Journal Officiel de la communauté européenne.

Ceci devrait permettre la production effective de vin biologique à partir de la récolte 2012.Les producteurs devront respecter le cahier des charges (avec numéro de certification délivré par un organisme certificateur )et pouvoir ainsi apposer sur l’étiquette le logo européen de l’agriculture biologique ainsi que la mention « vin biologique ».

Jusqu’à présent la mention uniquement autorisée est « vin issu de l’agriculture biologique » ;cette mention sera donc interdite à compter du 31 juillet 2012 date à laquelle le nouveau règlement devrait entrer en vigueur.

Informations réglementaires :

Les discussions qui durent depuis plusieurs années ont porté sur l’ensemble des règles d’élaboration du vin bio du raisin au vin ;pour la matière première le raisin la question était réglée depuis longtemps à travers le cahier des charges de l’agriculture biologique ;par contre les conditions d’élaboration et de conservation du vin ont été très difficile à mettre en place.

L’ensemble des dispositions seront comprises dans le futur règlement qui devrait être publié prochainement ;en substance nous pouvons indiquer que les additifs œnologiques autorisés seront consignés sur une liste positive(ce qui ne sera pas dans la liste sera interdit) ;en ce qui concerne les traitements physiques et thermiques il devrait au contraire y avoir une liste négative(ce qui sera dans la liste sera interdit) ;certaines techniques seront autorisées avec restriction (par exemple le traitement thermique).

Le changement le plus symbolique portera sur les taux de sulfites qui seront diminués par rapport au vin conventionnel et dont les seuils dépendront du taux de sucre résiduel.

Sucre < 2 g/l  SO2 max en mg/l

Vin rouge Vin blanc et rosé
Vin bio 100 150
Vin conventionnel 150 200

Sucre > 2 g/l  SO2 max en mg /l

Vin rouge Vin blanc et rosé
Vin bio 120 170
Vin conventionnel 150 200

Données économiques sur la filière bio :

Le vin bio ne fait pas partie des produits bio les plus achetés par le consommateur.

Le premier rang est occupé par les fruits et légumes.

Le vin issu de l’agriculture biologique est en progression en France actuellement 50000ha et 3900 producteurs ;la France se situe au troisième rang derrière l’Espagne et l’Italie ;les clients les plus importants sont l’Allemagne et les pays du Benelux.

Les conversions viticoles en bio sont en forte hausse ;le gain est de 8% en un an et la viticulture représente actuellement un peu moins de 10% du marché du bio en France(Chiffre d’affaire 3,4 milliards d’Euros).

Le potentiel de développement de ces produits reste très important en viticulture; le passage de la dénomination de « vin issu de l’agriculture biologique » à « vin biologique » était très attendu et sera de nature à renforcer l’image et l’attractivité de cette filière en viticulture.



Le débat sur les droits de plantation…

27 janvier 2012

Le droit de plantation en viticulture s’identifie comme un droit à produire du vin ;cette notion est aussi ancienne en France que son »code du vin « édicté en 1935.
La réglementation Française a largement inspiré la réglementation communautaire en particulier à travers cette notion de droit de plantation comme outil de régulation de la production viticole Européenne.
Le droit de plantation est strictement encadré dans les pays viticoles de l’Union Européenne ; disposer d’un droit de replantation pour une exploitation viticole dûment identifiée est la seule possibilité pour planter de la vigne ;ce droit correspond à une surface identique ayant fait l’objet d’un arrachage préalable au sein de la même exploitation.
Cette règle comporte deux dérogations :
•    Une possibilité d’augmenter le potentiel de production de l’exploitation à travers une autorisation de plantation nouvelle :cette disposition est encadrée dans des contingents limités pour les productions d’AOC et Vins de Pays en fonction de la situation économique des vignobles concernés.
•    Une possibilité de transfert du droit de replantation d’une exploitation à une autre par vente et achat pour éviter la perte du potentiel viticole d’une région et permettre de favoriser le développement des exploitations les plus dynamiques.

En résumé ces dispositions ont à la fois un but de régulation économique en maitrisant le potentiel de production et un but qualitatif en réservant la viticulture à des zones qualitativement reconnues dans le cadre des AOC et Vins de Pays.

Les discussions sont en cours pour la nouvelle PAC(Politique Agricole Commune)qui doit voir le jour au 1er janvier 2014.La Commission Européenne a publié son intention de faire disparaître tous les instruments de maîtrise de la production en cours dans l’agriculture(lait, vin, sucre….).
Dans le cadre de cette doctrine la Commission a proposé dès 2006 une réforme ultra libérale de la viticulture Européenne afin de rendre le marché du vin plus concurrentiel ;la mesure phare en serait la disparition de la réglementation sur les droits de plantation.
Malgré une opposition déjà naissante les ministres des Etats membres ont décidé le 19 décembre 2007 l’application effective de cette mesure le 1er janvier 2016 libre à chaque Etat qui le souhaiterait de maintenir ce système au niveau national jusqu’au 31 décembre 2018.

L’application de cette réforme aurait des conséquences incalculables :il deviendrait possible de planter de la vigne dans n’importe quelle exploitation agricole, n’importe où y compris dans des Etats ou des Régions où il n’y a pas de vigne aujourd’hui.
Cette libéralisation permettrait de tripler les surfaces actuellement plantées en AOC en France ;en effet la surface AOC en production est actuellement de 464 000ha mais l’ensemble des aires délimitée est de 1,6millions d’ha. ;cette augmentation non maitrisée de la production entrainerait un déséquilibre offre/demande avec de lourdes conséquences sociales et environnementales.
Certains départements non viticoles et des pays d’Europe centrale ont déjà manifesté leur intention de créer de nouveaux vignobles ;il sera très difficile d’argumenter contre ce projet au nom de la sacro-sainte notion de liberté à produire ;et pourtant nous savons que l’exception viticole se justifie.
Passé la période d’incrédulité, l’opposition à ce projet s’est largement amplifiée :sous l’impulsion des Organisme des Défense et de Gestion des AOC et Vins de Pays elle fait maintenant largement consensus dans le monde du vin, au niveau des professionnels, des élus politiques de tous bords, des collectivités territoriales ;à l’issue du récent congrès des maires de France les élus de la vigne ont lancé une campagne de mobilisation.
A ce jour ce sont 13 Etats membres de l’Union Européenne qui sont opposés à la libéralisation des droits de plantation mais ce n’est pas suffisant car une majorité qualifiée est nécessaire au Conseil des Ministres pour revenir sur cette décision ;il faut convaincre les pays non producteurs.
Le parlement Européen est favorable à revoir ce sujet à l’occasion de la discussion sur la réforme de la PAC.
La Commission Européenne organe exécutif chargé de préparer les textes reste pour l’instant sourde aux demandes des Etats membres ;elle reste fidèle à la doctrine libérale sans proposer d’outil de régulation dans la réforme de la PAC.
Au début 2012 il faut s’attendre à voir la pression monter de la part des organisations professionnelles, des élus et des régions viticoles pour se faire entendre ;ce sera la dernière occasion pour convaincre de conserver certains principes de la bonne gouvernance en viticulture.



La viticulture française en 2011

17 décembre 2011

Les premiers résultats du dernier recensement de l’agriculture effectué en 2010 commencent à être diffusés.

Le vignoble français couvre maintenant nettement moins de 800 000 hectares en recul de plus de 10 % depuis dix ans alors que la récolte 2011, relativement forte par rapport à celles de ces derniers millésimes, dépasse les 50 millions d’hectolitres!

Le nombre d’exploitations viticoles continue de baisser se situant aux alentours de 85 000 soit moins du cinquième des exploitations agricoles!  En conséquence la surface moyenne en vignes atteint au niveau national 9 hectares avec de fortes disparités régionales: à peine 2,5 ha en Champagne, 15 en Gironde!

Mais l’évolution de l’effectif des exploitations est elle aussi très contrastée: car si les Suds perdent beaucoup (et singulièrement en Languedoc) il n’y a que des pertes légères en Bordelais, stagnation en Charentes, et même augmentation en Alsace et en Champagne!

L’amélioration qualitative se poursuit: plus des 2/3 des exploitations spécialisées en viticulture livrent des vins d’appellation d’origine protégée (AOP) et près de 1/5 des vins d’IGP!

Vins rouges et vins blancs sont en volume presque à égalité; mais il faut compter avec 12 % de rosé; et à vrai dire une part importante de récolte des blancs est destinée à la distillation !

La vinification est faite en majorité en cave particulière (55% des volumes), un peu plus du tiers en cave coopérative et le reste (8%) en vente de vendanges fraiches, jus ou moûts!

Le travail est encore l’apanage de la main d’œuvre familiale mais les salariés permanents hors famille contribuent pour près d’un tiers du volume de travail total et les salariés saisonniers pour 18%! Les vendanges à la machine progressent partout sauf dans les zones de petites exploitations et bien entendu là où elles sont interdites (en Champagne par exemple)!

La profession des viticulteurs est un peu plus féminisée que celle des autres agriculteurs et 4 viticulteurs sur 10 ont moins de 50 ans!

Source: Agreste Nov. 2011



Le pépiniériste viticole

5 décembre 2011

Un métier encore trop méconnu et déterminant pour toute la vie d’une vigne.

Le congrès annuel de la Fédération Française des Pépiniéristes Viticoles vient de se tenir le 19 octobre 2011 à Aix les Bains.

C’est l’occasion pour mettre au devant de l’actualité un métier essentiel de la filière vitivinicole ; les pépiniéristes représentent en nombre une petite minorité de professionnels qui a du mal à se faire connaître face à une majorité d’utilisateurs de leurs produits ; ils souhaitent faire redécouvrir leur métier au monde viticole.

L’invasion du Phylloxéra et la généralisation du greffage a bouleversé la conduite du vignoble ; il y a une génération certains viticulteurs réalisaient encore eux-mêmes en France leur greffage dans les régions au climat le plus chaud(exemple en Roussillon la greffe sur place appelée Cadillac) ;aujourd’hui ce travail est confié à des entreprises spécialisées :les pépiniéristes.

Cette profession a eu tendance à se concentrer au cours des années ;de nos jours il reste environ 600 cartes professionnelles délivrée par FranceAgriMer qui est l’organisme officiel de tutelle chargé du contrôle. La majorité des pépiniéristes sont également viticulteurs.

Sur le plan technique il y a plusieurs tâches et chaque entreprise peut cumuler une partie ou la totalité de celles-ci :

  • Culture de vignes-mères de porte-greffe pour la confection de boutures greffables (essentiellement dans le midi).
  • Culture de vignes-mères de greffons (dans l’ensemble du vignoble en France ou même à l’étranger; souvent chez un viticulteur sous contrat avec le pépiniériste).
  • Production de racinés de porte-greffe (pour greffage sur place rare de nos jours).
  • Production de plants greffés-soudés (deux produits : plants en pots qui seront plantés directement l’année même du greffage ou plants racinés qui seront plantés un an après le greffage après passage en pépinière).

Cette dernière activité est la plus importante et la plus élaborée techniquement ; c’est celle qui mobilise tout le savoir-faire et l’énergie créative du pépiniériste.

Sur le plan économique la profession a souffert de la crise viticole au cours du début des années 2000 ; elle a été relancée par les opérations de restructuration du vignoble financées par l’Union Européenne, ainsi que par les nécessités de mise en conformité avec les cahiers des charges des AOC.

Depuis de nombreuses années la profession veut faire comprendre à la viticulture sa difficulté à anticiper la demande dans les différentes catégories de cépages et le couple cépage/porte-greffe ;en effet on greffe l’année N pour planter l’année N+1 ;il faut un an et demi pour faire un plant de vigne et le taux de réussite en pépinière varie selon les années. La profession demande à être mieux associée aux orientations stratégiques de la filière vitivinicole afin de mieux répondre à la demande de leurs clients.

Sur le plan recherche et formation la profession met en avant plusieurs aspects :

La mise à disposition de terrains pour l’implantation des vignes mères est un souci permanent ;en effet l’idéal ce sont des sols sains exempts de risque de maladies à virus c’est-à-dire des parcelle vierges de vigne depuis au moins 12 ans.

Les plus belles réussites de plantation se situent précocement à partir de l’automne ;les pépiniéristes souhaitent que les plantations soient étalées durant l’hiver pour éviter leur concentration au printemps et parfois plus tard avec les risques d’échec au fur et à mesure de l’avancement de la saison(notons que les entreprises de pépinière assurent souvent elles-mêmes les plantation pour leurs clients).

La profession demande que le métier soit enseigné aux jeunes :il n’existe pas encore de module de formation dans les écoles d’agriculture.

Avec la distribution de ses plants la profession participe à la diffusion de la marque ENTAV-INRA (du nom des deux organismes de sélection Français) utilisée sur plus des trois quart des plants vendus en France et à l’étranger ; les royalties sont réglées moitié par la pépinière moitié par la viticulture (8€ pour 1000 plants).

Le traitement des plants à l’eau chaude contre la Flavescence Dorée voire des maladies du bois se fait en lien étroit avec les pépiniéristes.

Enfin la profession se projette dans le futur en collaborant à la recherche variétale Française et la connaissance génétique des cépages à travers le projet VITI-NEXT qui rassemble des chercheurs dans de nombreuses disciplines.

Sur le plan de la réglementation et des contrôles l’organisme de tutelle est FranceAgriMer qui est chargé du contrôle externe ;de plus en plus d’entreprises de pépinières pratiquent l’autocontrôle en éditant elles-mêmes leurs étiquettes.

Pour plus d’informations se reporter au site de « Vitisphére » aux dates des 31 octobre et 2 novembre 2011.

Le site de FranceAgriMer donne dans le détail des statistiques de la profession(les chiffres de la profession viticole……..plants de vigne………données statistiques 2010).

Les explications techniques sont sur le site « Onivins »(espace professionnel……plants de vigne).



La Viticulture et l’UNESCO

28 novembre 2011

En 1999 le vignoble de la juridiction de Saint Emilion se voyait attribué le prestigieux label de bien inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO et ce au titre de paysage culturel « exceptionnel » consacré à la viticulture.

Il devenait ainsi le premier vignoble mondial à figurer sur cette liste des sites inaugurée par l’UNESCO en 1972.

Il n’en fallait pas plus évidemment pour que l’idée ne fût reprise ailleurs. C’est donc deux ans après, en 2001, que les Portugais firent classer « la région viticole du Haut-Douro » productrice du vin de Porto dans un « paysage culturel d’une beauté exceptionnelle qui reflète en même temps son évolution technique, sociale et économique… (et qui) impressionnant est toujours exploité avec profit par des propriétaires respectueux des traditions. »

Puis c’est en Hongrie en 2002, et plus précisément dans le vignoble de Tokay au nord-est du pays que fut honorée « la longue tradition de la production viticole de qualité avec « son réseau complexe de vignobles, fermes, villages et petites villes avec son labyrinthe historique de caves à vin…illustrant toutes les facettes des fameux vins dont la qualité et la gestion sont strictement contrôlées depuis presque trois siècles. »

En 2004 les Portugais présentèrent à nouveau, et avec succès, un vignoble fort original, celui de l’île de Pico aux Açores, la deuxième en taille de l’archipel. Bien que limité en superficie « la présence de la viticulture dont les origines remontent au XV° siècle est manifeste dans cet extraordinaire assemblage de petits champs, dans les maisons et les manoirs du début du XIX° siècle, ainsi que dans les caves, les églises et les ports. »

Cinquième vignoble inscrit comme tel, et ce en 2007, voici « le vignoble (suisse) en terrasses de Lavaux ». S’étendant sur environ 30 km de longueur sur le versant septentrional du lac Léman au cœur du canton de Vaud, « les étroites terrasses soutenues par des murs de pierre sur des pentes fortement inclinées » révèlent un vignoble « exemple exceptionnel de l’interaction pluriséculaire entre les hommes et leur environnement développé pour optimiser les ressources locales afin de produire un vin très apprécié ».

Cinq vignobles, d’ailleurs tardivement révélés, sur une liste de près d’un millier de sites inscrits par l’UNESCO: on pourrait croire à une sorte d’ostracisme à l’égard de l’un des paysages et une des plantes les plus typiques de la civilisation occidentale!

A ceci près qu’il faut ajouter au moins sept autres régions classées par l’UNESCO où la vitiviniculture joue un grand rôle, mais n’est pas considérée comme un élément exclusif du paysage, mais combiné avec d’autres critères de classement !

Il s’agit de « Porto Venere, Cinque Terre et les îles » de la Ligurie italienne (1997), de la « Vallée de la Loire » en France et de la « Wachau » autrichienne (2000), de la région du « lac Fertö-Neusiedlersee » en Autriche et Hongrie (2001), de la « Vallée du Haut Rhin moyen » allemand (2002), de la « Vallée de l’Orcia » dans l’arrière pays de Sienne en Italie (2004) et de la « Plaine de Stari Grad » dans l’île croate de Hvar (2008).

On notera avec le plus grand intérêt que d’autres vignobles préparent activement leur dossier de candidature et se sont donc inscrits au préalable sur « les listes indicatives » des sites de leurs pays, étapes obligatoires du parcours!

Ainsi en va-t-il en France pour « les climats du vignoble bourguignon des cotes de Beaune et de Nuits » et des « Coteaux, Maisons et Caves de Champagne » alors qu’à l’étranger seules la Croatie envisage la candidature du vignoble de Primosten (2007) et l’Afrique du Sud avec « la région viticole du Cap » (2009).

On s’étonnera enfin que l’Espagne, premier pays au monde par ses superficies plantées en vignes n’ait encore rien envisagé alors qu’elle est aussi le second pays au monde par l’effectif des sites inscrits sur la liste UNESCO (43) toutes catégories confondues derrière l’Italie (47) et devant même la Chine, la France et l’Allemagne…

La même remarque vaut pour les pays américains et de l’hémisphère  sud que sont les Etats-Unis, le Chili, l’Argentine, l’Australie dont les vignobles ne manquent ni de charmes ni de renom…



Gironde : Une charte pour sauvegarder les terroirs

25 novembre 2011

Gironde : Une charte pour sauvegarder les terroirs.
L’urbanisation, les routes, les voies ferrées, les constructions diverses font disparaître chaque année en France des milliers d’hectares agricoles ; par exemple sur le département de la Gironde ce sont près de 1000 hectares par an qui furent sacrifiés au cours des années de 2000 à 2007.

Pour éviter la disparition des meilleurs terroirs viticoles et de leurs exploitations ainsi que la suppression abusive des terres cultivables la Chambre d’Agriculture de la Gironde, en liaison avec l’Interprofession et les Organismes de Gestion des AOC, a entrepris une démarche originale dont d’autres départements pourraient s’inspirer : il s’agit de la signature d’une charte dénommée :
« Agriculture, Forêt et Urbanisme »

« Pour une gestion économe et partagée de l’espace rural »
Charte signée le 8 juillet 2011 entre :

Etat(DDTM), Chambre d’Agriculture, Conseil Général, Association des maires.

C’est essentiellement la situation sur le plan viticole en Gironde qui a motivé ce projet.

L’urbanisation péri-urbaine (métropole Bordelaise, secteur de la vallée de la Garonne, région du Bassin d’Arcachon) engendre le besoin en extraction de matériaux, la construction de voies de communication  et une pression foncière qui provoque le mitage des exploitations agricoles voire leur disparition;le vignoble AOC présent dans ces secteurs est le premier menacé dans sa pérennité en tant qu’expression culturelle, architecturale et économique en terme d’emplois.

Les menaces sont du même ordre dans les zones forestières et de grandes cultures.

La charte est un document pédagogique et méthodologique pour aider les élus locaux et les techniciens à mieux intégrer les enjeux agricoles des territoires lors de l’élaboration des documents d’urbanisme.C’est également un outil d’aide à la décision lors de la délivrance des permis de construire.

La lecture de cette charte montre d’emblée les motivations de cette initiative résumées en 3 considérants :

Considérant que la promotion d’un développement durable en Gironde repose sur le maintien de l’activité agricole viticole et forestière qui favorise la préservation de l’emploi en zone rurale assure la pérennité des paysages et renforce l’attractivité des territoires.

Considérant la nécessité de trouver un équilibre entre le développement urbain et le développement rural afin de favoriser la préservation d’espaces agricoles et forestiers et la protection des espaces naturels.

Considérant l’absolue nécessité d’encourager une utilisation économe de l’espace imposant de rechercher des formes de développement urbain prévenant tout mitage de l’espace rural.

Pratiquement la démarche d’élaboration du Plan Local d’Urbanisme(PLU) préconise 3 étapes :

  • Etat initial de l’environnement et diagnostic du territoire
  • Projet de territoire fixant les orientations souhaitées en termes d’aménagement et de développement : dans le document appelé PADD (Projet d’Aménagement et de Développement Durable)
  • Traduction du projet dans les pièces graphiques (zonage)et les pièce écrites(règlements)

Une série de 12 fiches techniques sont annexées à la charte dont parmi elles il est remarquable :

  • Fiche No 1 : le diagnostic agricole.
  • Fiche No 2 : le zonage et le règlement du projet.
  • Fiche No 7 : elle institue une notion originale :les PPEANP(Périmètres de Protection des Espaces Agricoles et Naturels Périurbains) :

La loi sur le Développement des Territoires Ruraux(DTR) du 23 février 2005 intégrée au code de l’urbanisme donne compétence aux départements de créer des périmètres d’intervention en zone périurbaine pour agir face à la pression foncière qui caractérise ces espaces ; cette disposition affiche une véritable politique d’ensemble à long terme sur les territoires périurbains du département.

  • Fiche No 9 : fixe le protocole sur les constructions en zone agricole et forestière.

Terminons avec le rappel d’une disposition ancienne et importante du code de l’urbanisme qui prévoit que le PLU d’une commune ne peut être approuvé qu’après avis de la Chambre d’Agriculture et le cas échéant de l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine) dans les zones à Appellation d’Origine Contrôlée.

Le texte intégral de la charte est consultable sur le site de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer(DDTM):www.gironde.developpement-durable.gouv.fr



Prévisions de récolte en 2011

24 octobre 2011

Prévisions de récolte en 2011

En France le potentiel estimé avant la récolte s’élèverait à 50,2 millions d’hectolitres ;la barre des 50 millions d’hl pourrait donc être franchie pour la première fois depuis 2006.

  • Cela correspondrait à +11% par rapport à la faible récolte 2010 (une des plus faibles au cours des 10 dernières années).
  • Et à +7% par rapport à la moyenne des 5 dernières récoltes.

Ce serait donc une récolte relativement abondante malgré l’effet des arrachages définitifs et de ceux motivés par la restructuration du vignoble au cours de ces dernières campagnes.

Par catégorie de vins la répartition serait en millions hl :

Vins AOC 23,3

Vins IGP (Vins de Pays) 14,5

Vins autres (VSIG) et jus 4,0

Vins pour eaux de vie (Cognac, Armagnac) 8,4

Remarque :les deux premières catégories sont à leur bon niveau habituel ;par contre les vins autres et surtout les vins de base pour eaux de vie sont à un faible niveau ;cette remarque vaut surtout pour la région de Cognac qui connaît depuis plusieurs années des récoltes faibles à cause d’un vignoble qui a du mal à se refaire après la crise des années 90 ;autrefois il était courant de constater des récoltes supérieures à 10 millions d’hl.

Sur le plan qualitatif la saison a été marquée par un printemps exceptionnellement beau qui a engendré une précocité remarquable compensée par un été capricieux ;la qualité sera hétérogène à tous les niveaux;la récolte se sera effectuée dans des conditions très favorables.

Rappel sur le niveau des récoltes au cours des 15 dernières années :

Le record pour cette période appartient à la récolte 1999 avec presque 63 millions d’hl ;à partir de cette date les volumes vont régulièrement faiblir pour passer irrémédiablement sous la barre des 50 millions d’hl à partir de 2006 ;la plus petite récolte à ce jour a été 2008 avec 42,8 millions d’hl ;dans l’avenir il sera possible de retrouver régulièrement des niveaux dépassant le 50 millions d’hl sous l’effet des efforts en cours de rénovation du vignoble de Cognac mais cela prendra du temps.

Autres pays de l’hémisphère Nord :

L’Italie va connaître une récolte historiquement basse de 42,3 millions d’hl (-10% par rapport à 2010) ;cela la place en seconde position après la France (ce fut habituellement l’inverse).

Les causes en sont la sécheresse, les arrachages définitifs et les surfaces gelées par la récolte en vert.

L’Espagne prévoit une récolte de l’ordre de 42 millions d’hl dont 37 effectivement vinifiés ;cela se situe dans la normalité ;précisons que ce niveau de récolte est courant depuis les années 90 suite aux effets de la restructuration et de la reconversion du vignoble avec les aides communautaires ;dans un passé lointain ce pays était essentiellement producteur de blanc avec des rendements faibles.

Pays de l’hémisphère Sud :

Le fait remarquable est le Chili avec une très bonne récolte de 10,5millions d’hl soit +16% par rapport à 2010.

Sites de référence:Ministère de l’Agriculture, FranceAgriMer, OIV.



les signes d’identification de la qualité et de l’origine

20 septembre 2011

les vins de pays (vins a indication géographique protégée)

C’est en 1964 que naît la notion de « vin de canton » par référence à une zone administrative de production accompagnée de critères de qualité(encépagement, degré potentiel minimum….)afin de faire bénéficier aux producteurs des mesures privilégiées dans le cadre des mesure d’organisation du marché du vin en situation de surproduction structurelle.

L’objectif était d’encourager la production de vin consommable en l’état et pouvant s’affranchir des opérations de coupage.

C’est en 1968 que la réglementation transforme ces vins en Vins de Pays en distinguant les VDP de département et les VDP de zone; ces zones s’appuient non pas sur une délimitation parcellaire comme pour les AOC  mais sur une unité administrative (commune, canton département…);un décret spécifique pour chaque dénomination précise les règles de production et d’agrément.

L’Organisation Commune du Marché Vitivinicole (OCM) en 1970 pose les bases réglementaires fondamentales pour l’organisation du marché au niveau Européen ; à cette occasion les Vins de Pays rentrent dans la catégorie des Vins de Table à indication géographique.

Les VDP bénéficiaient par rapport aux vins de table de possibilités intéressantes de personnalisation : indication de l’origine, référence au nom de l’exploitation (sauf le terme « château »), indication du cépage et du millésime ainsi que des mentions traditionnelles.

Les VDP doivent provenir de raisins récoltés et vinifiés dans les zones de production dont ils portent le nom

Une nouvelle étape dans la destinée des vins de pays survient avec l’Indication Géographique Protégée qui est née comme l’AOP de la volonté de l’Union Européenne d’étendre le système d’identification des produits par leur origine ;le règlement de 2006 définit l’AOP et l’IGP comme des signes de qualité qui distinguent un produit qui bénéficie d’un lien à un territoire et d’une notoriété ;pour l’IGP la relation entre le produit et son origine est moins forte que pour l’AOP mais suffisante pour conférer au produit des caractéristiques et une réputation ;en dehors du vin il existe presque 500 dénominations de produits agroalimentaires déposées à Bruxelles en tant qu’IGP .

Les textes Européens de la nouvelle OCM de 2009 distinguent deux catégories de vins :

  • Les vins sans indication géographique(VSIG)
  • Les vins avec indication géographique : cette catégorie est composée des vins AOC et VDQS (catégorie appelée à disparaître définitivement en passant soit en AOC ou en VDP) et les vins à Indication Géographique Protégée (c’est à dire nos vins de pays).

Comme les vins AOC les vins de pays entrent donc sous la tutelle de l’INAO.

Il existe aujourd’hui 153 dénomination de VDP déposées à Bruxelles ; elles se répartissent en 3 groupes :

  1. les vins de pays à dénomination départementale : 52 départements sont concernés ; c’est le « bas de gamme des vins de pays ».
  2. les vins de pays à dénomination de zone : ce sont des aires plus petites que le département jusqu’à la commune; la majorité ne jouit d’aucune notoriété particulière.
  3. les vins de pays à dénomination régionale au niveau de grands bassins de production : le plus important est le vin de pays d’Oc qui couvre l’ensemble des 5 départements du Languedoc-Roussillon ; il jouit d’une belle notoriété à l’export et a été un support essentiel de la reconversion de ce vignoble.

Les conditions de production des vins de pays sont consignées dans un « cahier des charges » comme pour les AOC ; il définit l’aire géographique et les conditions d’encépagement, de degré potentiel minimum, de rendement…..Ceci procède d’une démarche collective portée par une structure professionnelle appelée ODG (Organisme de Défense et de Gestion) qui rassemble les opérateurs de la filière et interlocutrice de l’INAO et de l’organisme certificateur.

La production Française de vins de pays est de 12 à 16 millions d’Hl selon les années soit près de 30% de la récolte totale ; l’IGP vin de pays d’Oc représente 66% des volumes revendiqués sans nom de cépage et 90% des volumes avec nom du cépage.

NB1 : la possibilité de revendiquer le nom du cépage a été à l’origine du succès commercial des vins de pays du sud de la France ; l’extension de cette possibilité aux Vins Sans Indication Géographique a été très mal acceptée par les producteurs compte tenu du fait que dans cette dernière catégorie les conditions de production sont plus laxiste (rendement notamment).

NB2 : Depuis 2006 la région de Bordeaux fait partie d’une zone de production de vins de pays : les VDP de l’Atlantique dont l’aire géographique couvre la majeure partie de l’Aquitaine et les deux départements des Charentes.

A l’égal des VSIG cette catégorie de vins peut constituer une variante pour l’écoulement de la production d’une exploitation permettant de déroger aux mesures de blocage instaurées par l’Interprofession de Bordeaux pour la récolte 2011.

Pour toutes précisions consulter le site de l’INAO « inao.gouv.fr »

Ainsi que celui de FranceAgriMer et sa page vitivinicole « onivins.fr »



Les Vins Sans Indication Géographique (VSIG)

7 septembre 2011

Cette nouvelle catégorie de vins a été créée par la dernière réforme de l’OCM (Organisation Commune du Marché vitivinicole) ; elle remplace l’ancienne catégorie des Vins de Table. Vins de table eux-mêmes dénommés auparavant Vins de consommation courante (en abrégé V.C.C).

Comme cela était déjà le cas, l’étiquetage doit mentionner le nom de l’Etat membre producteur par exemple « Vin de France »;il peut être complété par les mentions facultatives du nom du ou des cépages et du millésime sous réserve que l’opérateur(c’est à dire le metteur en marché)ait souscrit à une procédure d’agrément et à une certification de la traçabilité des vins ;la responsabilité de ces contrôles est assurée par France AgriMer dont la mission est encadrée par les disposition du décret du 5 novembre 2010.

Le viticulteur qui vend en vrac à un négociant n’est pas concerné par ces dispositions.

Règles de production de ces vins :

Le rendement n’est pas plafonné ; les règles d’enrichissement, de degré potentiel minimum et les normes analytiques sont celles prévues par la réglementation communautaire pour la zone de production concernée.

Ces vins ne peuvent pas porter la mention d’un nom de château, de domaine ou tout autre terme similaire.

Les contrats de vente doivent être enregistrés par France AgriMer; il convient de se rapprocher de la délégation régionale de cet organisme pour tout renseignement ou demande d’agrément avant la mise ne marché de ces vins.

Nous venons de passer la seconde campagne de mise en place de ce segment commercial.

Le bilan à fin juin 2011 montre que 2,8millions d’hl ont été commercialisés dans cette catégorie dont 33% en blanc, 16% en rosé et 51% en rouge ; les transactions des vins avec mention de cépage représentent ¼ du total et ces volumes sont les plus recherchés par le commerce et en progression constante d’une campagne à l’autre.

Cette catégorie de vins peut constituer une variante pour l’écoulement de la production d’une exploitation viticole ;afin de réguler le marché des AOC, l’Interprofession de Bordeaux a décidé la mise en réserve d’une partie de la production de la récolte 2011 ;chaque viticulteur pourra être exempté de cette disposition à condition de déclarer au maximum 91% de ses surfaces AOC en production ;les surfaces complémentaires pourront être affectées à la production de Vins Sans Indication Géographique ou de vins à Indication Géographique Protégée(Vins de Pays).

Voir l’article paru dans le numéro d’août 2011 de l’  »Union Girondine des vins de Bordeaux »

Pour tous les détails économiques et réglementaires consulter le site de France AgriMer au www.franceagrimer.fr recherche mot clé  « VSIG »



Le ban des vendanges

Cette notion remonte à la plus haute antiquité ; des critères variés ont présidé à sa fixation au cours des temps : en fonction de la situation des astres dans l’Egypte ancienne puis par les autorités locales sous les Romains et au moyen âge.

A la fin du siècle dernier la réglementation des Appellations d’Origine Contrôlées oblige à respecter une date de début de vendange fixée par un arrêté préfectoral. Le code rural charge l’INAO de proposer au préfet une date de début de récolte pour chaque zone d’AOC après avis des professionnels des syndicats de défense des AOC.

Aujourd’hui l’organisation très poussée des contrôles de maturité a permis l’abolition de cette mesure administrative d’autant que pour chaque AOC des conditions de récolte sont fixées chaque année(degrés potentiel minimum, degré maximum du vin fait, rendements maximum etc.….)qui placent chaque producteur devant la responsabilités de décider le début de la cueillette des raisins.

La publication du ban des vendanges demeure encore une tradition pour certaines AOC mais cela reste le plus souvent lié à des évènements festifs et promotionnels c’est le cas par exemple à Saint Emilion.

La date de récolte est très variable suivant les vignobles ; le record de précocité est remporté chaque année par le début de cueillette du muscat à petits grains dans le vignoble de « Rivesaltes »aux environs du 15 août ;les premiers Sauvignon du vignoble des Graves ont leur maturité accomplie durant la dernière décade du mois d’août ;la précocité de récolte a été de mise au cours de la plupart des millésimes de ce nouveau siècle.

Synthèse tirée d’un article publié dans « La Journée Vinicole »du 25/08/2011 numéro 22930

Site internet www.journee-vinicole.com